Stéphane Hessel disait : "Je veux être utile jusqu'à la dernière minute de ma vie. Je veux mourir debout."
Il nous a quittés hier. Debout.
(photo Les Indignés)
On avait eu la chance extraordinaire de voir notre livre On n'a rien vu venir (Alice Jeunesse) préfacé par Stéphane Hessel.
Je me souviens de l'émotion immense que j'ai ressenti en lisant les mots qu'il nous a offerts.
Les voici :
Préface
Cette histoire commence le soir des élections. Les habitants, qui ont choisi les hommes politiques qui vont les représenter, descendent dans la rue pour fêter la victoire. Leur victoire, croient-ils, mais ils se trompent. Et la vie de tout le monde va changer, pas uniquement celle des adultes. Que feriez-vous si un de vos amis devait quitter le pays à cause de sa couleur de peau ? Que diriez-vous si vos parents choisissaient eux-mêmes les copains avec qui vous pouvez parler ? Que penseriez-vous si une discipline radicale était instaurée à l’école ? C’est de ça que parle « On n’a rien vu venir ». De ce qui peut arriver si l’on n’y prend garde. C’est pourquoi je considère que ce livre est important, et je vous encourage à le lire. « Mais, nous, nous ne sommes pas en âge de voter », me direz-vous. Qu’importe. Chaque génération est en mesure de trouver sa place et de choisir son engagement. Et les conséquences des choix de vos parents, des adultes en général, vous concernent autant qu’eux. Pendant la seconde guerre mondiale, j’ai eu la chance de m’échapper du camp de concentration où j’étais prisonnier. J’ai pris, à ce moment, la décision de profiter de la deuxième chance qui m’était offerte de vivre, pour lutter pour ce qui me tenait à coeur : la justice sociale et le respect des droits humains. Je me suis engagé dans la Résistance, et après la guerre j’ai participé à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Mais j’étais déjà un adulte. N’attendez pas de devenir des adultes. Aujourd’hui, déjà, vous avez le pouvoir de dire « non » à ce qui ne vous semble pas juste, de vous indigner face à ce qui vous révolte, de faire preuve d’esprit critique vis à vis de ce que vous lisez, de ce que l’on vous donne à regarder à la télévision. Vous avez un avis. Vous pouvez le partager avec vos amis, vos parents, vos professeurs. Il est bien sûr souhaitable que les jeunes apprennent de l’expérience accumulée des vieux, mais les vieux ont aussi beaucoup à recevoir des jeunes. Il n’est jamais trop tôt pour s’engager, et ce beau roman est une des voies qui vous encourageront à résister et à persévérer.
Stéphane Hessel
Et comme par magie, une chronique hier justement, qui s'adresse à nous, les auteures, et qui est un bel hommage à Stéphane Hessel :
"Sous vos plumes naît l’enracinement d’une dictature que personne n’a vu venir. Cette phrase, et ce titre, vous le répétez dans chaque histoire, comme un refrain macabre dont on ne peut faire que l’amère constatation. (...) La préface de Stéphane Hessel, ce grand résistant, est un bijou d’intelligence et d’appel à la liberté. Elle saura toucher les ados et les adultes. En somme, c’est une superbe lecture que je termine et qui restera avec moi quelques temps."
La suite ici, sur Les lectures de Mauricette.
Pour finir, un tout petit extrait de la chronique très complète de Grignoteurs de livres :
"Le ton n'est pas dramatique, nul pathos, nous avons la perception d'enfants qui racontent le changement, les amitiés contrariés, les vies compliquées, les faits suffisent d'eux-mêmes pour faire réagir. Ce ton permettra à un lectorat de Pré-ados d'aborder le sujet sans en souffrir de quelques façons que ce soit. L'intention est à la graine de réflexion et le propos est aborder avec maîtrise et tact… Ce roman sensible et excellent colle à une certaine forme d'actualité mondiale..."
L'article entier, à lire par là.
Merci.